La vallée d’Aure était peu fréquentée par les voyageurs à cause des terribles bandouliers, brigands sévissant sur la lande de Broc, plus dangereux que les loups, dit-on. En tout cas, s’ils échappaient aux bandouliers, c’était souvent pour tomber entre les mains des Miquelots, venant du versant espagnol des Pyrénées, malandrins guère plus généreux. Néanmoins on a pu répertorier plusieurs hôpitaux qui ont été fondés par les Chevaliers Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (chapelle Notre-Dame du Bouchet à Grézian, chapelle d’Agos à Vielle-Aure, chapelle dite « des Templiers » au Plan d’Aragnouet). Dans la vallée, il y avait seulement deux hospices, celui de Manteleine en Barousse et celui du Rioumajou.
Les voyageurs traversaient les cols pour y faire du commerce et plus tard, dans les périodes de famine, de la contrebande. C’est par là que passaient également les paysans de la vallée qui allaient vendre leur travail de force dans une Espagne plus prospère avant que le flux migratoire ne s’inverse dans la deuxième moitié du XIXème siècle. Le toponyme de la Plagne du Mercadou, au-dessus de l’hospice, souligne bien que de nombreux échanges se faisaient là. Enfin, ce fut le lieu de passage des soldats et bien sûr le territoire de chasse des voleurs, détrousseurs de négociants et de pèlerins.
Les seigneurs locaux, que ces échanges avec l’Espagne favorisaient, avaient le devoir de maintenir en état les hospices. L‘entente locale de 1598 entre la vallée d’Aure et la vallée de Bielsa portait obligation d’entretenir les hospices des deux côtés de la montagne.