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L'hospitalité au RIoumajou

Toute une histoire

La vallée du Rioumajou est chargée d’histoire, passage facile vers l’Espagne, elle a vu passer nombre de voyageurs : pèlerins vers Saint-Jacques de Compostelle, contrebandiers, douaniers, émigrés espagnols fuyant la guerre civile, bergers et troupeaux.

Il ne faisait pas bon franchir les cols quand la neige se faisait tourmente et que les loups rôdaient. Ainsi, au pied de chaque port, se dressait autrefois un refuge. Celui du Rioumajou, situé sur l’antique voie de la Ténarèse, à 1 560 m d’altitude, permettait au voyageur de récupérer ses forces avant l’attaque du col d’Ourdissetou ou au retour.

Une halte pour les voyageurs

La vallée d’Aure était peu fréquentée par les voyageurs à cause des terribles bandouliers, brigands sévissant sur la lande de Broc, plus dangereux que les loups, dit-on. En tout cas, s’ils échappaient aux bandouliers, c’était souvent pour tomber entre les mains des Miquelots, venant du versant espagnol des Pyrénées, malandrins guère plus généreux. Néanmoins on a pu répertorier plusieurs hôpitaux qui ont été fondés par les Chevaliers Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (chapelle Notre-Dame du Bouchet à Grézian, chapelle d’Agos à Vielle-Aure, chapelle dite « des Templiers » au Plan d’Aragnouet). Dans la vallée, il y avait seulement deux hospices, celui de Manteleine en Barousse et celui du Rioumajou.

 

Les voyageurs traversaient les cols pour y faire du commerce et plus tard, dans les périodes de famine, de la contrebande. C’est par là que passaient également les paysans de la vallée qui allaient vendre leur travail de force dans une Espagne plus prospère avant que le flux migratoire ne s’inverse dans la deuxième moitié du XIXème siècle. Le toponyme de la Plagne du Mercadou, au-dessus de l’hospice, souligne bien que de nombreux échanges se faisaient là. Enfin, ce fut le lieu de passage des soldats et bien sûr le territoire de chasse des voleurs, détrousseurs de négociants et de pèlerins.

Les seigneurs locaux, que ces échanges avec l’Espagne favorisaient, avaient le devoir de maintenir en état les hospices. L‘entente locale de 1598 entre la vallée d’Aure et la vallée de Bielsa portait obligation d’entretenir les hospices des deux côtés de la montagne.

Bon à savoir

Hospices et hôpitaux

Hospices et hôpitaux avaient un même but : au pied des cols, ils constituaient des abris pour le voyageur, apportant une aide matérielle, gîte et couvert dans les hospices, doublée d’une aide spirituelle dans les hôpitaux tenus par des membres du clergé.

Les hospices accueillaient pour la nuit. Les hôpitaux dont la vocation était déjà les soins aux malades et aux blessés recevaient aussi longtemps que nécessaire. Assurer la sécurité des voyageurs, héberger, guider le pèlerin ou le marchand, soigner les malades, telle était la tâche des hospitaliers.

Plus anciens que les hôpitaux, les hospices ont été les premiers refuges servant aux voyageurs qui se rendaient de l’autre côté des cols.

Tradition d'accueil

Les hospices et hôpitaux d’autrefois ne sont bien souvent aujourd’hui que des ruines quand ils n’ont pas totalement disparu.

Aussi avons-nous du mal à imaginer combien, au Moyen-age et à l’époque moderne, les Pyrénées étaient fréquentées par des pèlerins, des marchands, des saltimbanques et même des trafiquants qui trouvaient refuge dans ces lieux d’accueil de tous les déshérités.

L’Hospice du Rioumajou reste aujourd’hui un lieu d’accueil de pèlerins et/ou de randonneurs car il est situé sur le chemin de la vallée d’Aure GR 105 de Lortet au Port d’Ourdissetou.

Un don du comte d'Armagnac

On trouve trace pour la première fois de l’Hospice du Rioumajou dans un document du 27 avril 1457. En ruines, il a été rebâti par le comte Jean V d’Armagnac.

Selon le texte, le comte

a donné, cédé, transporté, abandonné et quitté, par une donation de cession pure, simple, perpétuelle et irrévocable faite entre vifs, à jamais valable, sans qu’elle puisse être révoquée en aucun temps les forêts et vacants environnants aux Communautés de Saint-Lary et de Sailhan, à charge pour elles de restaurer l’Hospice.

Le comte céda aussi des taxes qu’il percevait jusqu’alors. Les communautés devaient y entretenir

feu allumant, huile, vinaigre, sel et autres aliments non périssables » et « conserver en bon état les chemins, ponts et rampes, depuis l’Hospice jusqu’au sommet des ports, soit sur trois lieues environ.

Ces charges furent reprises au cours du temps et même après l’affermage de l’Hospice.

Ainsi, le cahier des charges pour l’adjudication de la ferme de l’hôpital du Rioumajou, le 24 juin 1849 précise que le fermier devait mettre des indices sur le pont dans le temps des neiges afin de guider le passant, de la Croix-Blanche jusqu’au sommet.

Dans le cahier des charges du 6 juin 1870, on peut lire que :

« le fermier de l’hôpital et dépendances ne pourra s’absenter dudit hôpital sous aucun prétexte. Il sera tenu de donner asile à tout passant, sauf aux bergers qui ne pourront y séjourner que trois jours seulement. Il devra tenir de toute denrée comestible pour le voyageur. Il devra aussi tenir journellement le feu allumé, huile, vinaigre et eau-de-vie. Il sera également obligé de tenir la maison dans un état de propreté convenable ; de la pourvoir de linge ainsi que d’ustensiles de cuisine. Il pourra tenir le nombre de cinquante bêtes à laine seulement [le nombre sera porté à deux cent au siècle suivant]. Les dites bêtes à laine devront servir pour alimenter les voyageurs autant que le besoin l’exigera et ne pourront être vendues ni échangées contrairement à cette clause ».

La prairie attenant à l’hôpital devait être fumée et soignée et le fermier se comporter envers elle comme « un bon père de famille ».

« Le fermier sera en outre chargé de faire enterrer à ses frais les personnes qui mourront, et aussi de faire porter les infirmés soit en France, soit en Espagne, au premier village, s’ils se trouvent sans moyens pécuniers ». Afin d’enterrer ces morts en terre sainte, l’espace entre le pont Debat et le pont Soubiron fut béni.

Après 1789 la forêt devient la propriété des communes qui se partagèrent pâtures et forêts on retrouve encore certaines limites matérialisées par des bornes ou des rochers gravés d’une croix.

 

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